Vœux 2015 Mons, Tournai, Charleroi

 

Après les élections de mai 2014, plusieurs majorités ont été négociées afin de former les différents gouvernements tant au plan fédéral que dans les entités fédérées. Nous souhaitons à tous les acteurs des parlements et des gouvernements le meilleur discernement possible afin de prendre les décisions qui conviennent et de mettre en application ce qui aura été voté au parlement.

Pour ma part, avec mes collaborateurs, j'essaierai de suivre le dossier des cours philosophiques ainsi que celui des fabriques d'église, en vue de faire respecter les décrets et d'être le plus juste possible dans leur application. Je remercie les professeurs de religion et les membres des fabriques d'église pour le service éminent qu'ils rendent à la société.

Au mois d'octobre 2014, lors d'une rencontre avec un professeur de théologie pratique à Louvain-la-Neuve, j'ai appris que, pour les cours de religion dans le secondaire, nous avions désormais suffisamment de candidats formés pour devenir professeurs. C'est une bonne nouvelle qui a modifié mon jugement sur l'avenir des cours philosophiques. Par ailleurs, différents témoignages me sont parvenus sur l'importance de ces cours, de cette formation. Contrairement à ce qui est parfois lancé comme un slogan, il ne s'agit pas de prosélytisme. Il s'agit de permettre aux jeunes gens de croître en humanité en écoutant les questions qui surgissent devant des sujets graves : pourquoi le mal, la mort ; pourquoi des lois dans une communauté humaine ; pourquoi des différences de convictions entre des groupes humains ; pourquoi protéger les plus faibles ; pourquoi la démocratie pour gérer la société ; pourquoi les déplacements forcés de populations ; pourquoi le contrôle international des richesses, etc.

Dans ces matières, il est bon de creuser profondément en se référant aux grands penseurs de l'humanité et aussi aux fondements pré-politiques du droit dans une société. Les convictions ne sont pas des freins pour construire l'avenir d'une société. Les convictions ne sont pas seulement destinées à découvrir les chemins du bonheur personnel. Les convictions sont fondées sur la raison et sur la foi. Une foi qui ne se laisse pas interpeller par la raison devient un fondamentalisme. La raison qui ne se laisse pas interpeller par la foi devient vite intolérante, car elle finit par imposer des règles qui empêchent les croyants de manifester ce qu'ils croient.

Sur ce sujet, difficile pour le moment, il est peut-être temps de ne pas enfermer des peuples en conflit dans leur conviction religieuse. Je m'explique. Quand un attentat tue plusieurs personnes à Bagdad, on dit que ce sont des musulmans qui sont opposés aux puissances occidentales. Et on demande aux musulmans de Belgique s'ils condamnent cet attentat. Comme si les musulmans de Belgique devraient avoir un jugement sur des actes dont ils ne connaissent pas nécessairement les causes et les origines politiques. Le mal n'est pas condamné uniquement pour des raisons religieuses. A force de continuer à réagir de cette manière, on finira par condamner une religion. Arrêtons, si c'est possible, de mélanger la religion avec les décisions de guerre ou de paix. Nous avons connu des guerres de religion en Europe aux XVIème et XVIIème siècles. Des penseurs éminents ont demandé de faire la paix « comme si Dieu n'existait pas », en s'appuyant sur la raison. Ici encore, si on devait continuer à analyser les événements uniquement à partir de la religion, on tomberait rapidement dans des fondamentalismes. Dans la recherche de la paix, basée sur la justice, il faut surtout s'appuyer sur le rationnel, la raison, surtout quand ceux qui y réfléchissent ont des convictions différentes.

Dans la mise en œuvre des décrets du synode du diocèse de Tournai, sept unités pastorales se sont présentées pour vivre l'opération appelée refondation. Il s'agit de voir comment annoncer l'Evangile dans un territoire déterminé, avec les catholiques qui vivent sur ce territoire. Cette nouvelle étape de l'évangélisation permet d'évaluer les structures classiques qui ont bien souvent plusieurs siècles d'existence. Il est intéressant de faire ce travail d'évaluation ; il est encore plus intéressant de discerner ce qu'il faudrait faire évoluer, tout en respectant la législation fédérale et les décrets des entités fédérées. Je remercie tous ceux qui travaillent à ces projets, en bonne concertation avec les experts en droit.

En 2014, cinq diacres permanents ont été ordonnés dans le diocèse de Tournai. L'appel que j'ai lancé en 2003 continue d'être entendu. Je suis heureux du fait que le service que l'Eglise rend aux membres de ses communautés et aux personnes fragilisées de la société, quelles que soient leurs convictions, demeure un aspect fondamental de sa mission. Nous le savons, beaucoup de bénévoles sont engagés dans ce service. Je les remercie pour leur beau témoignage en humanité, leur témoignage de foi.

D'ici quelques jours aura lieu l'inauguration de Mons, capitale européenne de la culture. Nous pouvons être fiers de cette initiative dont nous connaissons bien les initiateurs. Ce sera l'occasion de revisiter les magnifiques témoins du patrimoine, mais ce sera surtout manifester l'importance de la culture dans la société. La culture, c'est une manière de penser qui nous vient de la tradition, mais c'est aussi une ouverture d'esprit à de multiples traditions. Cette ouverture change le cœur, l'intelligence, le comportement. Découvrir ses propres richesses, afin de les partager, c'est aussi s'émerveiller devant les richesses d'autrui, d'autres peuples, d'autres mondes. Et, ici, le but n'est pas de faire une culture qui nivelle tout par le bas. Le but est de partager ce que chaque culture, en Europe et dans le monde, apporte à toute l'humanité. Je souhaite beaucoup de succès à Mons, capitale européenne de la culture.

Le diocèse de Tournai est présent à Mons, capitale européenne de la culture. Du 18 juin au 12 juillet 2015, l'église Saint-Nicolas abrite l'exposition « Chevaliers et chevaux mythiques chez Salvador Dali », organisée par la fabrique d'église de Saint-Nicolas en Havré, la Fondation Niezen-Quiévy et le Service Art, Culture et Foi du diocèse de Tournai, dirigé par le vicaire épiscopal d'origine montoise et recteur de la Basilique de Bonne-Espérance Jean-Pierre Lorette. Cette exposition montre les lithographies développant les thèmes des Chevaliers de la Table Ronde, la Divine Comédie de Dante, Don Quichotte, la fameuse série des chevaux de Dali.

De plus, du 30 avril au 25 mai 2015, les communautés catholique et protestante de Mons organisent une exposition « La Bible, patrimoine de l'humanité », avec le concours de la commission diocésaine pour l'œcuménisme dirigée par le vicaire épiscopal Michel Vinckier, originaire de Mouscron et recteur de la Cathédrale de Tournai. Cette exposition aura lieu à l'UCL-Mons. En Europe, à Mons, plusieurs traditions se réfèrent à la Bible. Il est bon de voir comment ces traditions ont non seulement intégré les textes bibliques qui contiennent la Parole de Dieu, mais aussi comment ces textes ont été interprétés, présentés pour la société en général.

Durant cette année 2015, beaucoup de projets vont se réaliser. Et, comme chaque année, il y aura des surprises, des événements non programmés. Nous verrons nos proches trouver leur chemin de bonheur et aussi traverser des épreuves. Nous-mêmes, peut-être, nous aurons à affronter des moments difficiles. N'empêche, quand nous commençons une année nouvelle, nous avons surtout des souhaits de santé, de prospérité, de bonheur. C'est ce que je souhaite à chacune, chacun d'entre vous. Bonne année 2015 à vous, vos proches, vos amis ! Et excellente année à tous ceux qui vivent dans la Province de Hainaut !

+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai

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    Diocèse de Tournai